Ouverture[S] #9 [en territoire]

ÉQUIPE «AURTISTIQUE» :
Mélaine Blot, Anthony Gros-Audibert – performeurs, Isabelle Leroy – danseuse et chorégraphe, Bololipsum- musicien et beatmaker, Mathias Beyler – constructeur sonore, Axelle Carruzzo – metteure en scène, Jacintho Muiños (Réalisateur) ; Patricia Vallet (Formatrice Cadre pédagogique FAIRE Économie Sociale et Solidaire • IRTS | En formation Art-thérapeute à PROFAC – Arles) ; Sophie Barrere (Docteur en esthétique et psychanalyse et Présidente de l’Association l’Expression est Multiple – Montagnac) ; Hugues Desbrousses (Designer et enseignant à l’Université de Nîmes)

Avec le soutien précieux de la Commune de Carnas, de la Cie Accord et du L.V.A Tentative et la présence vivifiante des membres des associations sportives et musicales de Carnas !


RÉSIDENCE EN TERRITOIRE | ÉCRITURES SCÉNIQUES CONTEMPORAINE
ESPACES VIVANTS — OUVERTURE[S] #9
Samedi 25 mai
Au foyer communal — 30260 Carnas


Dans plaines et vallons du Vidourle, où les reliefs calcaires sculptent un dédale de paysages, où les collines chuchotent à l’oreille du vent, Carnas se love et nous enlace, pour tisser, de Corconne à Aspères, les fils d’un nouveau rituel.

Nous avons clôturé la semaine de résidence par une performance participative, un temps essentiel de partage avec le public et accompagné de nos coéquipier·ère·s du club de Gym et de la Chorale de Carnas qui ont participé aux deux jours dédiés aux laboratoires artistiques collaboratifs, merci infiniment à tous·tes !


Hugues Desbrousses
Designer, Enseignant-chercheur associé Filière design – Université de Nîmes, Co-responsable du Master Design Innovation Société

La délicatesse permet la rencontre
Comme lors de précédentes résidences et traversées auxquelles j’ai participé, j’ai une nouvelle fois été marqué par la magie de ces moments.
Nous avons l’ambition d’expérimenter la rencontre avec l’autre (intime, jusqu’au toucher), là où on aurait pu la penser la plus difficile, de part la nature de cet autre (dont le trouble du spectre autistique fait partie).
Et au contraire, par la disposition dans laquelle nous met la considération de cette nature, cela fonctionne au delà de ce qu’on pouvait espérer, et c’est peut-être l’essence même de la rencontre avec l’autre, quel qu’il soit, que nous expérimentons.
Lors de ces traversées – probablement par ce que nous savons que nous sommes dans une situation particulière, avec parmi nous, sans qu’elles ne soient désignées, des personnes qui s’inscrivent dans le spectre de l’autisme – se mettent naturellement en place une grande écoute, une grande délicatesse. Celles-ci sont cependant destinées à tou.tes et profitent à tou.tes (y compris à soi-même), chacun.e ayant des particularités relationnelles et émotionnelles, des fragilités, au delà du trouble du spectre autistique.
Au milieu de ces particularités qui se côtoient, sans forcément nous connaître nous rentrons en relation, nous nous frôlons, nous nous touchons, nous dansons ensemble, nous vivons ensemble un moment de création artistique.
C’est cette grande délicatesse qui nous permet d’expérimenter une rencontre intime, sans se « heurter ».

Le format et les axes de recherche
J’ai beaucoup apprécié lors de cette résidence le format en équipe un peu restreinte au début, pour s’ouvrir au fur et à mesure à de plus en plus de participants, jusqu’aux ouvertures progressives à partir du milieu de semaine.
Cela a permis un travail de recherche en finesse et une progression perceptible.
J’ai apprécié également qu’il y ait un vrai axe de travail, une recherche orientée, le fait qu’on creuse quelque chose. Cet axe était celui du son et du corps, du son du corps, de la voix et du texte.
Grâce entre autre à la générosité et l’énergie communicative des artistes invité.es, Isabelle Leroy et Adrien Decharne, ce travail fut naturel et a très bien nourri les traversées.J’ai également beaucoup apprécié le travail de Mélaine, Anthony et Mathias, sur le son du texte, travail qui dans ma perception a joué un rôle plus important que lors des précédentes résidences auxquelles j’ai participé.
C’est malgré tout précisément le rapport à sa propre voix que j’ai trouvé le moins facile à intégrer lors des traversées, cela étant encore très nouveau pour moi.
Un vrai travail d’introduction et d’accueil des spect-acteurs a également  été mené lors de cette résidence. Ainsi, l’introduction, l’invitation, la proposition faite par Mélaine s’est affinée de jours en jours.
Si celle-ci est très importante pour l’accueil des spect-acteurs, elle l’est également pour les autres, comme un rituel de début, qui nous tient par la main quelques temps. Là encore l’attention portée aux uns, la disposition dans laquelle elle nous met, profite à l’ensemble.

L’espace s’occupe de nous
Le rapport à l’espace, l’équilibre entre la superficie, le nombre de participants, la disposition des outils, des lumières, des musiciens, m’ont paru poser moins question que lors de la résidence au chai de la bulle bleue en décembre 2023.
Dans le sens où cela était plus naturel, où occuper l’espace n’était pas une préoccupation, c’est l’espace mis en place qui s’occupait de nous.

Les objets invitent et facilitent le lien
Même si ce n’était pas le but premier, je note aussi quelques expériences intéressantes qui ont eu lieu avec des objets, notamment le détournement d’une petite lampe de lecture pour souligner des gestes, observer la proposition de l’autre, créer ensemble autour d’un artefact / lien.
Je pense toujours que l’utilisation d’objets pourrait être un axe de recherche très pertinent, pour créer des liens entre les participants et nourrir les créations artistiques improvisées que proposent les traversées.
Cela notamment avec les spect-acteurs, pour qui ce lien pourrait faire particulièrement sens, notamment dans l’invitation, éventuellement en complément du texte introductif. Cette notion d’invitation me semble en effet très importante à creuser s’il est question de continuer à ouvrir le dispositif.


★ Extractions vidéo ©Jacintho Muiños