ZONE 2

STRUCTURES IMPLIQUÉES : La Bulle Bleue, E.S.A.T et Les Ateliers Kennedy, E.S.A.T Montpellier – ADPEP34, Tentative Lieu de vie et d’accueil médico-social à St Hippolyte du Fort et L’association Hubert-Pascal – Structures d’accueil de jour à Nîmes, Service des actions d’accueil et d’intégration sociale des adultes déficients intellectuels – Gard

ÉQUIPE «AURTISTIQUE» : – Léa, Romain,Thomas, (Vincent et Zohra en alternance), accompagnés par 2 responsables de Tentative – Mélaine, Anthony, accompagnés par 1 responsable des Ateliers Kennedy, – Benjamin M, Benjamin P, David et Jade, accompagnés par 1 responsable de L’association Hubert Pascal – Mathias Beyler (Constructeur sonore), Axelle Carruzzo (Metteure en Scène), Bertrand Wolff (Compositeur et Musicien), Damien Ravnich (Musicien et Batteur), Julia Leredde (Danseuse), Yasmine Blum (Performeuse et Plasticienne) et Jérémy Nègre (Régisseur technique) — Nos Urgences Collectif.

GRANDS TÉMOINS : Jean Cagnard (Écrivain), Ernst Betrug (Auteur), Cécile Martin-Beyler (Psychologue Clinicienne), Maud Paschal (Directrice du Théâtre Le Périscope – Nîmes), Thierry Bazzana (Directeur De Tentative – St Hippolyte du Fort ), Gwladys Perrad Richard (Coordinatrice des Projets personnalisés d’accompagnement — LA BULLE BLEUE – E.S.A.T Montpellier), Corinne Nguyen et Yann Le Floch (Photographes).

Nous remercions chaleureusement Maud Paschal – Directrice du Théâtre Le Périscope et Stéphanie Gainet – Directrice du Théâtre municipal Liger à Nîmes, ainsi que l’ensemble de leurs équipes pour leur engagement, leur aide et leur bienveillance envers ce projet.


SECONDE ZONE DE CRÉATION CONTINUE ET PERMANENTE
Théâtre municipal Liger à Nîmes.
Du 28 février au 4 mars 2022


Visualiser le bilan complet : ESPACES-VIVANTS-NUCOLLECTIF-Mars2022


CÉCILE MARTIN-BEYLER | Psychologue Clinicienne

Le Corps en Jeu – L’En-je(u) du corps

Ici, le lieu importe, un théâtre définit l’espace de l’action et l’espace du regard. Sur scène, un écran, qui renvoie une image kaléidoscopique, morcelée, un reflet dupliqué des corps en présence. Le kaléidoscope provoque une suite rapide d’impressions, de sensations vives et variées, à l’instar de ce qui se joue sur le plateau.
Il y a la danse éternelle de Zohra, Anthony, Jade, David, Benjamin, Léa, Mélaine et tous les nombreux participants, les rythmes et les percussions, une joie débridée et éprouvée comme à regarder des gens faire la fête. Je suis en position de voyeuriste animée par sa pulsion scopique, dans l’ombre épiant les propositions, les tentatives de relation, les interactions.

Ce qui m’apparaît à distance de ce que j’ai vu, c’est l’expression de la pulsionnalité des corps sollicitée par les sons, par le mouvement avec la danse de Julia, par le toucher avec le massage de Yasmine. Des corps sont envahis par la pulsion qui selon Freud¹ « se présente comme une force constante, ce dont nous tirons l’un de ses autres traits typiques, l’impossibilité de la vaincre en se livrant à des opérations de fuite », ce que Lacan nommera « déchaînement de jouissance ».

Un malaise est palpable, dense, une question en découle : Que faire de cette pulsion dont on est destinataire, dont on devient soi-même l’objet alors même qu’on l’a suscitée chez l’autre ? Sans le savoir ? Vraiment ? Même si ce que veut l’autre nous restera toujours opaque, le trouble est aussi en soi. Lacan affirme que nous sommes étrangers à notre corps dès lors qu’il devient parlant, c’est notre condition d’humain.
Le dispositif est-il à questionner ? Je ne crois pas, il me semble que ce qui est à travailler encore et toujours c’est la conscience de ce que chaque intervenant vient y faire, c’est la prise en compte de sa propre pulsionnalité, des « affaires inconscientes » avec lesquelles chacun se débat.
Pour échapper au réel pulsionnel, Paul Valery suggère un recours à l’être du langage, le soutien du symbole et de sa création. « Que serions-nous donc sans le secours de ce qui n’existe pas ? Peu de chose [..] Nous ne pouvons aimer que ce que nous créons. »² .

David lit Blaise Cendrars et déclame « Je me suis vu moi-même ». Je retiens cette citation comme un sublime témoignage de cette journée, de ce qui peut se passer en chacun, au contact de l’autre. Nous naissons dans le regard et les mots de l’autre.


¹ S. Freud, 1915, Pulsions et destin des pulsions
² P. Valéry, 1930, Variétés II, La Petite Lettre sur les Mythes.